Hervé Marie (Président du GDS de la Manche) : Il faut que la France soit forte
Le Brexit était au cœur des débats lors du congrès de GDS France à Cherbourg en mars 2019. Depuis, des inquiétudes ont été levées, d’autres perdurent. Hervé Marie, président du GDS de la Manche, souhaite que la France « soit forte » au sein de l’Union européenne pour que les départements maritimes ne soient pas pénalisés sur le plan économique et sanitaire.
>> La date du 31 janvier est passée. Le Brexit est acté. Quel regard portez-vous ?
Au 31 janvier, le Royaume-Uni s’est retiré de l’Union européenne. C’est désormais une certitude. Pour le moment, c’est la seule certitude. La période de transition a débuté depuis le 1er février. Mais la sortie effective n’aura lieu que le 31 décembre. Alors, l’Union européenne et les Britanniques ont onze mois pour écrire la feuille de route, pour négocier les relations futures.
>> Vos inquiétudes formulées il y a près d’un an ont-elles été levées ?
Certaines inquiétudes sont en partie levées notamment grâce à la mise en place d’infrastructures sur le port de Cherbourg pour vérifier la provenance des animaux vivants et des matières alimentaires. Encore faut-il que les moyens soient alloués pour les faire fonctionner.
>> Guernesey a interdit les pêcheurs français dans leurs zones dès le 1er février. Avez-vous des craintes pour l’agriculture ?
Ils interdisent les pêcheurs français d’aller sur des zones alors qu’ils viennent débarquer dans nos ports 80 % de leur pêche. Je soutiens la stratégie des pêcheurs français. Le problème de la pêche se pose au même titre que le problème de l’agriculture. Dans les marchés d’échanges avec l’Angleterre, arrivent en tête les vins et spiritueux, les produits laitiers, la viande et les fruits et légumes. On est clairement impactés. L’Union européenne doit bien avoir cela en tête. Il est grand temps que le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, demande à l’Union européenne de mettre un plan de protection économique en direction de l’élevage en vue de l’adaptation du Brexit. Pour Les Pays de la Loire comme la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France, l’Angleterre est potentiellement notre premier marché. Nous aurons de toute façon des conséquences économiques. C’est pour ces raisons qu’il est urgent de demander ce plan.
>> A quelques jours du Salon de l’agriculture, qu’attendez-vous ?
J’attends beaucoup des annonces du ministre de l’Agriculture au SIA. Je ne comprendrais pas qu’il ne parle pas de ces orientations. C’est la première fois qu’on connait un tel bouleversement, c’est-à-dire qu’un pays quitte la famille. Et pas le moindre. C’est le moment de nous montrer que la France a du poids au niveau de l’Union européenne.
Au congrès national, en retenant le sujet du Brexit, GDS France tout comme l’ensemble des GDS, ont montré qu’ils s’emparaient d’un problème européen. Nous savons que les volets sanitaire et économique sont étroitement liés. Si l’économie ne va pas, le sanitaire ne peut pas être mis en œuvre correctement. Et nous y serons vigilants. n