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L'assainissement pointé du doigt
Huîtres : quelles solutions pour lutter contre le norovirus ?

Alors que l'Huître de Normandie est désormais officiellement reconnue en Indication géographique protégée (IGP), elle doit faire face au norovirus, qui a provoqué l'arrêt de la commercialisation, notamment en fin d'année 2023 entraînant des pertes d'activité de 60 %. Des pistes sont avancées pour lutter contre ce fléau. L'assainissement est pointé du doigt.

Le 29 décembre 2023, la commercialisation et la consommation des huîtres de Grandcamp-Maisy et Géfosse-Fontenay, dans le Calvados, et celles de Saint-Vaast-la-Hougue, dans la Manche, ont été interdites temporairement, en raison de la présence d'un norovirus, responsable d'une recrudescence de gastro-entérites aiguës, et ce pendant plus de 20 jours. Les conséquences ont été directes. "Les ostréiculteurs ont enregistré des pertes de 60 % pendant cette période. Et après la réouverture, elles sont encore de l'ordre de 40 %", déplore Thierry Hélie, président du CRC (Comité régional de la conchyliculture) de Normandie.

Lire aussi : La reconnaissance européenne pour l'IGP Huître de Normandie

Un préjudice important

Face à cette situation, une réunion s'est tenue le 7 mars 2024 à Saint-Vaast-la-Hougue, avec le président de la Région Normandie, Hervé Morin, accompagné de Clotilde Eudier, vice-présidente en charge de l'agriculture, de la pêche et de la forêt, Pierre Chauleur, sous-préfet d'Avranches, Nicolas Boudaud, directeur scientifique d'Actalia et expert national des norovirus, les représentants des ostréiculteurs, et des élus des intercommunalités en charge de l'assainissement. " La Normandie est la première région Conchylicole de France. On ne peut pas avoir un bien aussi précieux, un produit aussi important que l'huître de Normandie, et se retrouver aujourd'hui avec des ostréiculteurs en difficulté et qui subissent, par ailleurs, un préjudice d'image durable. Ce qui s'est produit cet hiver se reproduira en raison de la pluviométrie. Il nous faut collectivement mettre en place des mesures préventives", a déclaré Hervé Morin. Effectivement le norovirus a "un impact sur toute la filière, sur l'image du produit, sur la consommation", indique Nicolas Boudaud. La solution consiste à sécuriser les lots des huîtres par la dépuration, mais aussi par la modernisation des assainissements des eaux usées en collectif, et non collectif. "C'est indispensable", fait remarquer le directeur scientifique.

17 % non conforme

Sur l'agglomération du Cotentin, le président, David Marguerite, fait état d'un plan pluriannuel d'investissement, de manière à agir sur les systèmes d'assainissement. Si nous avons cinq stations de traitement conforme, il reste en haut collectif, 17 % des installations non conformes. "Il nous faut des actions ciblées et individualisées", affirme l'élu. "Nous allons mettre les moyens pour prendre nos responsabilités", poursuit-il. Un engagement qu'il prend avec le concours des maires des communes concernées. De son côté, la Région annonce que dans le cadre du Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l'aquaculture (FEAMPA) et des fonds Région, elle pourra financer des investissements des entreprises ostréicoles pour la mise en place des bassins de purification individuelle ou collective, avec une eau contrôlée, micro biologiquement et en circuit fermé. Elles pourront bénéficier d'aides de 40 à
50 % en investissement individuel dans la limite d'une aide plafonnée à 800 000 €, et jusqu'à 80 % pour les investissements collectifs.

Une solution collective

La Région continue de participer au financement de la création d'un observatoire épidémiologique national de la qualité virologique des huîtres au travers d'Actalia. Elle poursuit aussi son soutien au programme de recherche sur le compte élimination des eaux conchylicoles. Présent à cette réunion, le sous-préfet, Pierre Chauleur, reconnaît que "la solution est avant tout collective. Chacun a son rôle à jouer. Il nous faut travailler sur la prévention, sur l'accompagnement des collectivités, sur la réparation et l'adaptation à la situation", souligne-t-il.

L'aiguillon de l'État

"Je souhaite que l'État soit un aiguillon pour accompagner les maires", insiste Hervé Morin, de manière à avoir un vrai programme d'actions pour protéger les ostréiculteurs. "Ces crises redondantes ont des conséquences économiques dramatiques pour les ostréiculteurs avec un manque à gagner très important, particulièrement en période de fêtes. Au-delà de la perte financière significative, l'image de la profession est fortement et durablement impactée par ces phénomènes", prévient-il. Ce que reconnaît David Marguerite qui ajoute aussi, la dimension touristique et l'urgence sanitaire.

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