Interview du président de la section légumes à la FDSEA de la Manche
Jean-Luc Leblond : " l’indemnité carotte est tardive et les critères ont changé "
Deux ans après l’arrêt du 1-3 dichloropropène, les producteurs de carottes de la côte ouest ont eu confirmation du versement d’une indemnité. Au total, une enveloppe de 1 million d’euros leur est dévolue. Dans les faits, cette indemnité est plafonnée à 20 000 euros par Gaec et l’exploitation doit justifier d’une perte d’au moins 30% sur le chiffre d’affaires (et non sur le volume). Jean-Luc Leblond réagit à cette mesure qui arrive pour certains trop tardivement.
Deux ans après l’arrêt du 1-3 dichloropropène, les producteurs de carottes de la côte ouest ont eu confirmation du versement d’une indemnité. Au total, une enveloppe de 1 million d’euros leur est dévolue. Dans les faits, cette indemnité est plafonnée à 20 000 euros par Gaec et l’exploitation doit justifier d’une perte d’au moins 30% sur le chiffre d’affaires (et non sur le volume). Jean-Luc Leblond réagit à cette mesure qui arrive pour certains trop tardivement.
>> L’indemnité a été votée, est-ce une bonne chose ?
Oui, c’est toujours bon à prendre, mais le problème est qu’elle arrive très tardivement, plus de deux ans après l’arrêt du 1-3 D. Au départ, il était question d’indemniser les parcelles non emblavées, ce n’est finalement pas le mode d’indemnisation retenu.
>> Est-ce que tous les producteurs vont pouvoir la toucher ?
Un certain nombre de producteurs ne va pas avoir l’aide. Certains se sont tournés vers la carotte non lavée et récoltée à la main. Ils n’atteindront pas les 30% de perte du chiffre d’affaires. Or, ils ont quand même subi une perte. De l’autre côté, certains producteurs n’ont pas pu attendre deux ans et ont dû cesser leur activité. Ceux-là non plus ne seront pas indemnisés. J’estime que seulement la moitié de producteurs le seront en réalité. On connaîtra le nombre exact après le traitement des dossiers.
>> Les producteurs sont mécontents, pourquoi ?
Parce qu’on continue à avoir des carottes étrangères issues de sols désinfectés avec des produits non autorisés sur le marché français. L’article 44 des EGA est en contradiction avec le droit européen de circulation des biens. Je rappelle aussi qu’à ce jour, aucun pays n’a trouvé d’alternative au nématode. On est face à un mur.
>> Les producteurs de carottes sont engagés dans un plan quinquennal de mutation. De quoi s’agit-il ?
Après analyse du sol, les parcelles contenant des nématodes pourront entrer dans un plan sur cinq ans. L’obligation est de planter au moins 40% de la surface en plantes nématicides, type sorgho, pendant deux ans, et de s’engager à ne faire qu’une seule année de carottes. Après cinq ans, les producteurs garderont un minimum de rotation. Le montant de l’indemnisation de ce plan n’a pas encore été dévoilée. Au vu de ce qui se passe aujourd’hui, les producteurs s’inquiètent de ce qui les attend. On espère que ça ne durera pas deux et demi…
>> Que dites-vous aux producteurs de carottes ?
L’Etat a mis deux ans à voter l’indemnité mais ne nous laisse que trois semaines pour déposer le dossier… J’invite tout de même les producteurs à le faire au plus vite et à consulter leur centre comptable pour les aider.
Les aides peuvent être déposées jusqu’au vendredi 30 octobre à midi (décicion INTV-GECRI-2020-48 du 6 octobre 2020)
Pour en savoir plus :
https://www.franceagrimer.fr/filiere-fruit-et-legumes/Accompagner/Dispo…
Document d'aide détaillé sur : https://www.franceagrimer.fr/content/download/65226/document/Guide%20utlisateur%20D%C3%A9pot%20Dossier%20Carotte.docx