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Filière avicole
La directive IED met à mal la production de dindes et poules pondeuses

Si l’élevage bovin a échappé au projet de réforme de la directive relative aux émissions industrielles (IED), finalisé le 29 novembre dernier par le Conseil et le Parlement européens, ce n’est pas le cas des volailles et des porcs. Sabrina Orain, présidente de la section avicole de la FDSEA de la Manche s’en inquiète. 

Sabrina Orain craint que la directive relative aux émissions industrielles (IED) mette à mal l’élevage avicole français, basé sur un modèle familial.
© Sandrine Bossière

En fin d'année 2023, Sabrina Orain a intégré la Confédération française de l’aviculture (CFA) pour « aller chercher de l’information à l’échelle nationale, la faire redescendre auprès des adhérents, et mieux comprendre les enjeux de la filière », explique l’éleveuse manchoise. « Nous sommes des professionnels indépendants. Mais on a besoin de partager, on a besoin d'échanger sur les technicités », ajoute-t-elle. Et par rapport à ses responsabilités syndicale, « j’ai aussi besoin d’informations supplémentaires », avance-t-elle. Avec Elizabeth Puech d’Alissac de Seine-Maritime, Sabrina Orain représente la Normandie au sein de la CFA, présidée par Jean Michel Schaeffer (Grand Est). 

Ce n’est plus rentable

Ce n’est pas l’actualité qui manque de faire réagir cette éleveuse, installée en volaille de chair depuis 2018 à Isigny-le-Buat. Effectivement, la filière est touchée de plein fouet par la directive relative aux émissions industrielles (IED). Si l’élevage bovin a échappé au projet de réforme, ce n’est pas le cas pour la filière avicole qui vise à abaisser les seuils d’effectif d’animaux, notamment pour les poules pondeuses, mais aussi les dindes et les canards. Là où le seuil était à 40 000 volailles, il descend à 28 000 pour les canards ou encore 21 429 pour les poules pondeuses. Au-delà de certains seuils, les éleveurs devront non pas simplement faire une déclaration ou un enregistrement, mais une autorisation entraînant une enquête publique, et par conséquent un coût. 

Lire aussi : Révision de la directive IED : le combat continue

Pour les dindes, ce que produit en partie Sabrina Orain, le seuil va passer de 13 333 à 9 333 dans le bâtiment. « Économiquement, ce n’est plus rentable », dénonce l’éleveuse qui n’accepte pas ce changement de règle en milieu de parcours. « Nous avons investi dans un bâtiment pour 15 ans. Et cinq ans plus tard, la donne est différente », s’agace-t-elle. « C’est tout l’élevage familial qui est en danger, freinant tous les projets, les extensions, installations ou reprises. L’objectif est-il de décourager les éleveurs compte tenu de la charge administrative, des risques procéduriers ou encore des recours possible », s’interroge-t-elle. Si la plupart des pays européens ne monte pas au créneau face à cette directive, « c’est parce que ces pays ont déjà des élevages beaucoup plus importants et qu’ils sont soumis à l’enquête publique. Or en France, le modèle est basé sur des élevage à capitaux familiaux. Cette directive entraînerait la délocalisation de l’élevage et des entreprises agroalimentaires", rétorque-t-elle.

Lire aussi : Directive IED : les éleveurs manifestent à Vire pour exclure les bovins

62 % d’importations en plus de l’Ukraine

Cette directive s’ajoute un contexte difficile avec une baisse des abattages de l’ordre de 4,6 % de dindes sur les 9 premiers mois de l’année 2023. Certes le poulet est en hausse de 2,1 % mais la mise en place de dindonneaux a reculé aussi de 8 %. Les productions sous signe de qualité (bio ou label rouge) connaissent aussi un fort recul. Mais ce sont les importations en volaille de chair qui interrogent l’éleveuse manchoise. Le Brésil reste le premier pays importateur mais enregistre une évolution de 1 % quand l’Ukraine fait un bond de 62 % sur les 8 premiers mois de l’année. "On a l’impression que l’agriculture française paye la guerre en Ukraine. C’est au détriment de la production sur d’autres territoires et par conséquent des éleveurs qui se sont engagés dans cette filière. Si dans les rayons des supermarchés, le consommateur a la possibilité d’acheter du filet de poulet ou de dinde française, ce n’est plus le cas quand le produit est transformé et les gens ne s’en rendent pas compte. On mange à un moment donné de la viande importée », martèle l’éleveuse. « J’entends les attentes sociétales mais nous faisons beaucoup en matière de bien-être animal. Dans les importations il n’est pas pris en compte le bilan carbone. Or faire venir des volailles du Brésil ou de l’Ukraine a évidemment un impact. Mais en France il faut être plus blanc que blanc », conclut Sabrina Orain. 

Lire aussi : Commerce international : L’UE débouché prioritaire du poulet ukrainien

Elle espère comme ses collègues que le Conseil et le Parlement européens rejetteront le projet de révision de la directive IED pour ce qui concerne l’activité d’élevage pour que le modèle français à dimension familiale perdure et qu’il ne soit pas considéré comme des industries. 

 

 

 

 

 

 

 

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