Qualité
Le cidre du Perche tient son appellation d’origine
Mercredi 14 octobre, une belle victoire s’est inscrite dans le calendrier normand. Les producteurs de cidre du Perche étaient réunis pour célébrer l’obtention de leur appellation d’origine contrôlée, accordée par l’Inao. L’épilogue d’une vingtaine d’années de combat, qui marque le début d’une aventure.
Mercredi 14 octobre, une belle victoire s’est inscrite dans le calendrier normand. Les producteurs de cidre du Perche étaient réunis pour célébrer l’obtention de leur appellation d’origine contrôlée, accordée par l’Inao. L’épilogue d’une vingtaine d’années de combat, qui marque le début d’une aventure.
« 2020, annus horribilis, à bien des égards. Mais pour nous, c’est l’année du sacre. Nous tenons notre label, notre cidre AOC du Perche », s’est exprimé, avec « joie et fierté », Maurice Levier, président du syndicat cidricole du Perche. Mercredi 14 octobre à Mortagne, devant un parterre d’élus, de représentants du Parc naturel régional, de producteurs et de fidèles amateurs, il a savouré le bonheur de la victoire : le cidre du Perche tient son appellation d’origine.
Ténacité
« Il y a plus de vingt ans, on nous trouvait présomptueux de penser que notre cidre était remarquable, a rappelé Dominique Plessis, producteur récoltant et gérant de la Cidrerie traditionnelle du Perche. Aujourd’hui, nous avons mis en évidence l’identité de notre produit. Les pommiers du Perche sont les plus éloignés de la mer en Normandie et aussi ceux que l’on récolte le plus tard ». Ce travail a été mené avec l’aide du Parc naturel régional (PNR) du Perche, comme le rappelle Jean-Michel Bouvier, son président : « depuis seize ans, nous accompagnons les producteurs de cidre dans cette aventure technique et administrative ». Il salue la ténacité de « Maurice, Grégoire, Dominique, Gilles, Jean-François et tous les autres », qui les a menés à une « victoire culturelle, humaine, environnementale, paysagère, économique et innovante ». Dans la logique de territoire et de collaboration, le président du PNR souligne que le parc met à disposition des producteurs un contrat de « prêt à usage innovant pour les vergers hautes tiges. Ce n’est pas une lubie du parc mais un dispositif juridique régi par le Code civil ».
« Vous êtes les gestionnaires d’un patrimoine national contrôlé. Vous, les faiseurs, avez construit vos conditions de production. »
Marie Guittard, directrice de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao).
Grande famille de labels
Marie Guittard, directrice de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), a salué le travail de « producteurs motivés, qui veulent sauver et développer un produit du patrimoine ». Elle a aussi rappelé qu’attribuer « un nom géographique à un groupe de producteurs, c’est l’interdire à d’autres. Vous êtes les gestionnaires d’un patrimoine national contrôlé. Vous, les faiseurs, avez construit vos conditions de production. Elles ont été validées par les pouvoirs publics. Le climat est la clef de voûte de votre appellation. » Un patrimoine reconnu et chéri par les producteurs : « le prés verger est un biotope extraordinaire », souffle Jean-François Leroux, du domaine du Ruisseau. Nicolas Bacle, du verger de la Reinette, ajoute : « le verger est un milieu vivant, dont l’art est de le maintenir en équilibre. Les parcelles sont réparties sur l’ensemble du territoire, ayons des alliances avec les autres production ». Puis, la directrice de l’Inao a annoncé la prochaine étape pour le cidre du Perche : « l’enregistrement par l’Union européenne de votre AOP ». Applaudissements. Hervé Morin, président de la Région Normandie, a, lui, félicité des « hommes et des femmes qui cherchent une nouvelle authenticité. On culpabilise l’agriculture en France alors qu’elle vit une transformation gigantesque. Vous [en] êtes le symbole ». Il leur a souhaité bienvenue dans « l’immense famille des signes officiels de qualité de Normandie ». Et de rappeler que la Normandie compte 15 AOC/AOP, 8 IGP et 14 Labels rouges. En 2018, la Normandie a vu l’arrivée de l’AOP cidre du Cotentin et en 2019 l’IGP bulot de Granville. Le président de la Région espère obtenir deux autres signes officiels de qualité prochainement, pour le bœuf de race Normande et l’huître de Normandie.