Graines d’agriculteurs
Le conte des mille et une poules de Clémence et Mathieu
À Osmanville (14), Mathieu Cannevière et Clémence Gadeau ont créé leur élevage de poules pondeuses, Cocotte&Co. Les deux agriculteurs, néophytes il y a encore quelques années, ont conceptualisé leur système de production à leur image : bienveillant et solidaire. Mathieu fait partie des finalistes du concours national Graines d’agriculteurs. Les votes sont ouverts jusqu’au 2 septembre.
À Osmanville (14), Mathieu Cannevière et Clémence Gadeau ont créé leur élevage de poules pondeuses, Cocotte&Co. Les deux agriculteurs, néophytes il y a encore quelques années, ont conceptualisé leur système de production à leur image : bienveillant et solidaire. Mathieu fait partie des finalistes du concours national Graines d’agriculteurs. Les votes sont ouverts jusqu’au 2 septembre.
Au départ, Mathieu Cannevière, 35 ans, est professeur d’économie, sociologie et sciences politiques. Clémence Gadeau, 33 ans, est psychologue. « On a toujours voulu monter un projet ensemble, en autodidacte et repousser nos limites », explique le couple. En 2018, quand ils achètent leur maison à rénover, à Osmanville, ils pensent maraîchage pour le futur. Et un jour, ils changent de cap : « Clémence m’a demandé pourquoi pas des poules ? On en avait quelques-unes d’ornement et on adore l’animal. À partir de là, on s’est donné un an pour étudier le projet sur le papier : viabilité, modèle économique, intégration, plan des poulaillers ». Ils se renseignent, vont au Space, téléphonent aux éleveurs, visitent les exploitations.
Un, deux, trois poulaillers
En avril 2019, Mathieu s’installe en individuel. Il crée Cocotte&Co, un élevage de poules pondeuses bio. Il se donne trois mois pour monter le premier poulailler. « Le premier lot de 249 poulettes arrive le 16 août 2019. » Le couple vend les œufs en direct sur les marchés : au début Isigny, Carentan, Valognes et Bayeux. « On a écoulé les 200 œufs pondus par jour et il y a eu urgence à construire le deuxième poulailler et le centre d’emballage des œufs. » Le second groupe arrive en mai 2020, en pleine crise sanitaire. « On a perdu 30 % de notre chiffre d’affaires. Pendant trois mois, on a donné la production aux Restos du cœur. » Un troisième poulailler, pour assurer les rotations, est sorti de terre. « Nous avons fait plein de modifications entre le premier et le troisième bâtiment. On note tout, on repère les comportements, on observe beaucoup pour savoir ce qu’il faut changer ou améliorer. Par exemple, on a mis des perchoirs plus hauts dans les deux derniers poulaillers, à 1,50 m des caillebotis. »
De l’huile de coude
« Depuis qu’on a le 3e lot, on est au max, analyse le couple, qui élève un millier de poules pondeuses. Le travail nous demande beaucoup d’abnégation. Rapporté à l’heure, c’est comme si on était payé 0,80 €/h. » Clémence et Mathieu ne font désormais plus que les marchés de Valognes et Bayeux et vendent aux restaurateurs, aux épiceries durables et locales. « On est en cours de construction du laboratoire de transformation des œufs, dans une démarche anti gaspi et zéro déchet. Mais le chantier est stoppé à cause de la flambée des prix des matières premières. » Il leur reste aussi deux parcours à finir, les jardins d’hiver et des arbres et des haies à planter. Pas de quoi les inquiéter, mais il faut le reconnaître, ils ont besoin d’huile de coude.
Solidaire avec Baclesse
Clémence et Mathieu n’ont jamais voulu envoyer leurs poules pondeuses de réforme, après vingt et un mois passés chez eux, à l’abattoir. Pour placer le premier lot, ils mettent un message sur la page Facebook On trouve quoi à Caen. « On a fait adopter les 240 poules en cinq jours. On a créé un dossier des adoptants, on organise du covoipoules pour que les gens qui adoptent dans le même secteur », s’amusent-ils. Les poulettes sont vendues 8 € chacune, 7 € par deux, 6 € par cinq. « Nous donnons 10% du prix de chaque poule au centre François-Baclesse, soit 120 € la première fois. » Le prochain projet : « construire un mini poulailler et une serre pour accueillir, entre autres, les familles des personnes hospitalisées, leur proposer de ramasser des œufs ». Et c’est cette solidarité qui a amené Mathieu en finale du concours Graines d’agriculteurs. « Quand j’ai vu que j’étais sélectionné, je me suis dit waouh ! J’étais très surpris. » S’il gagne, il espère ouvrir ce nouvel espace d’accueil un an plus vite.
Après avoir reçu une cinquantaine de candidatures, le jury a sélectionné 10 finalistes à découvrir sur le site http://www.demainjeseraipaysan.fr/graines-agriculteurs/finalistes
C’est au public de voter pour leur jeune agriculteur préféré en ligne jusqu’au 2 septembre 2021. Début septembre interviendra ensuite le jury final qui détermine le ou les lauréats : élection par un système de notation qui prend en compte pour 50% du vote du public et pour 50% du vote du jury.
Les lauréats remporteront une dotation de 3 000 € pour les aider dans leur projet. La remise des prix se tiendra à Corbières dans les Alpes-de-Haute-Provence à l’occasion des Terres de Jim du 10 au 12 septembre 2021.