Le Crédit Agricole veut sécuriser les exploitations agricoles
Les marchés agricoles n'auront plus jamais la stabilité d'antan. Les exploitations devront sécuriser à tous les niveaux, notamment en provisionnant. Message délivré par le Crédit Agricole de Normandie sur le terrain
Les marchés agricoles n'auront plus jamais la stabilité d'antan. Les exploitations devront sécuriser à tous les niveaux, notamment en provisionnant. Message délivré par le Crédit Agricole de Normandie sur le terrain
Une centaine de personnes assistait jeudi dernier, en nocturne, à une réunion organisée par le Crédit Agricole de Normandie, à St-Hilaire-du-Harcouët. Thème, la sécurisation des exploitations, autrement dit prise en compte de tous les dangers inhérents à la bonne marche d'une structure. "Rien ne sera plus comme avant, notamment en production laitière" expliquent les responsables du Crédit Agricole accompagnésd'un expert du CER et d'un assureur. "Vous, agriculteurs, aurez des cycles à passer. Les paramètres pourront être au beau fixe ou dégradés. De nouveaux raisonnements sont à prendre en compte".
Accepter de provisionner
Parmi ces nouveaux paramètres, le coût alimentaire, le prix d'équilibre par exemple sont des facteurs essentiels. "Prenons le lait, 65% du coût de la ration est dû au concentré. Cela vaut le coup de réfléchir l'achat". En clair, toute cette gymnastique est basée sur les flux financiers. Attention aussi à ne pas confondre trésorerie et rentabilité. Au Crédit Agricole, le message est clair, comme l'indique Patrick Lemartinel, "il faut anticiper de manière à constituer une épargne de précaution en adoptant le financement au besoin". En clair, ne pas changer de tracteur pour le seul plaisir de posséder le dernier modèle. "L'idéal serait d'avoir un an d'annuités d'emprunt de côté ou 70% de l'EBE". Et de marteler, "nous ne sommes plus dans le système de paie de lait". Les jeunes agriculteurs inquiètent particulièrement la banque verte. "Lorsqu'il s'installent, ils n'ont pas de réserve. Du coup, cela peut parfois être mal vécu; cela vaut pour toutes les tranches d'âge : d'un problème financier on peut passer à un problème psychologique, le burn-out".Dans la salle pour le moins attentive, quelques remarques ont fusé. "Pour mettre de l'argent de côté, encore faut-il pouvoir le faire !" La réponse est immédiate, "Vous le savez, il y a des périodes favorables. Encore faut-il accepter de payer de la MSA et de l'impôt pour renforcer l'assise de votre exploitation".Au-delà du simple aspect professionnel, les exploitants sont soumis à d'autres aléas ; ceux de la vie tout simplement mais avec des conséquences parfois plus dramatiques que pour un salarié. "La protection dont dispose le monde agricole est insuffisante dans la plupart des cas. Arrêt de travail, accident ont une conséquence directe sur la ferme, surtout lorsqu'elle est en GAEC. Là aussi, vous devez sécuriser votre revenu pour le remplacement ou encore faire vivre votre famille". Un chiffre, un seul, "pour 30EUR de cotisations par mois, vous pouvez toucher 50EUR par jour, cela vaut le coup d'y réfléchir, surtout lorsque l'on a des proches". Notre assureur va très loin, jusqu'au décès. "La souscription d'un capital-décès à titre privé permet de parer à bien des problèmes". Les temps changent, l'adaptation et l'anticipation sont nécessaires. Fini l'approximation ; c'est en l'occurrence ce que le Crédit Agricole a voulu faire passer comme message. "Nos clients agriculteurs, nous n'avons pas envie de les voir plonger dans la sinistrose. Nous sommes là pour leur apporter des solutions".