Manche
Le Préfet visite deux exploitations
Visites traditionnelles mais pleines d’enseignements pour le Préfet Adolphe Colrat, sur deux exploitations du département, à l’invitation de la FDSEA et des JA, en présence du député Alain Cousin, du Sénateur Bizet et des conseillers généraux. L’occasion d’aborder les problématiques environnementales et d’installation chez Odile et Gérard Bédouin, installé depuis 1983, au Mesnil-Villeman (canton de Gavray) puis d’effectuer un tour de l’atelier « porcs » du GAEC du Pravey (canton de Tessy-sur-vire).
C’est par un froid rigoureux que le Préfet, en poste dans la Manche depuis cet été, a dialogué sur les différentes problématiques agricoles rencontrées dans la Manche. Odile et Gérard Bédouin travaillent en production laitière pour transmettre un outil au « top » à leur fils. L’occasion de mettre l’accent sur le parcellaire. « Nous avons 92 ha regroupés, cohérent avec notre philosophie. Il est d’ailleurs dommage de vouloir « fixer » les choses. Nous ne voulons pas de grandes plaines, mais que l’on nous donne les moyens d’avoir une optique économique. Ici, nous avons abattu des arbres, mais nous en avons aussi replantés ». Et Gérard Bédouin de s’insurger contre le classement des haies et talus dans le cadre des PLU de communes ou communautés de communes. Pascal Férey, président de la FDSEA, souligne que les erreurs des premiers remembrements, datant des années 1970 « sont corrigées ; nous comptons plus de 70 000 kilomètres de haies dans la Manche. En voulant tout figer, existe un risque, celui d’avoir des agriculteurs reprenant leurs tronçonneuses. Protéger les haies, oui ! Mais en prenant en compte les attentes du monde agricole ». Même écho de la part des Jeunes Agriculteurs, par la voix de Jean-Hugues Lorault, « Sur La Haye Pesnel, un projet de classement de haies est à l’étude. Il faut trouver un équilibre pour que les exploitants, notamment les jeunes, puissent évoluer ». Et Pascal Férey de conclure sur le sujet, « dans le cadre de la THT, nous avons fait notre métier, en discutant, argumentant, pus en demandant des indemnisations pour les exploitants. Nous voulons travailler de la même façon sur les PLU et les SAGE ».Lors de la visite de la stabulation, les éleveurs ont mis en avant les bons résultats du troupeau. « Ici, on aime avoir des animaux performants. Le troupeau est à 10 000 litres/moyenne ; nous nous situons dans les quarante premiers en PH de la Manche. C’est notre modèle économique, basé aussi sur la vente de vaches en lait ». Une inquiétude pour l’avenir, la reprise des exploitations. « Il est indispensable de préparer la transmission de son outil avec une problématique pour le repreneur, le financement ». À la FDSEA, on plaide pour une argumentation fiscale « permettant aux propriétaires de louer plutôt que de vendre ». Jean-François Bouillon, président des JA, tire lui aussi la sonnette d’alarme. « C’est vrai, la terre n’a pas une grande rentabilité pour un propriétaire, mais elle est sûre ». Hervé Marie, secrétaire général de la FDSEA, enfonce le clou, « les agriculteurs n’ont pas pour première vocation de devenir propriétaires ».
Production porcine
Seconde partie de cette journée « préfectorale », la visite du GAEC du Pravey, situé à Chevry. Formé à partir de l’exploitation familiale (famille Legoupil), le GAEC s’est mis en place lors de l’installation de Samuel en 1998, rejoint par son frère Arnaud en 2000.Leur mère, Solange, est toujours associée du GAEC : un salarié à plein temps est venu remplacer leur père, suite à son départ à la retraite. Initialement spécialisée dans le lait, l’exploitation s’est diversifiée dans le porc. Elle comprend 160 ha de SAU (35 de maïs, 45 de céréales, 80 de prairies) avec un parcellaire très groupé : 140 ha sont situés à moins d’un kilomètre des bâtiments. Le quota laitier s’établit à 800 000 litres. Le GAEC élève ses génisses et garde une vingtaine de mâles laitiers en engraissement.Présents lors de cette visite, les dirigeants de CAP 50 Porcs, groupement auquel adhère le GAEC, ont insisté sur l’importance de cette production en Manche, notamment en terme d’emplois à travers l’abattoir AIM de Sainte Cécile. Ils ont aussi indiqué les difficultés de certains exploitants confrontés à des associations refusant l’agrandissement ou la construction de porcheries en installations classées. Une problématique aussi rencontrées dans des exploitations laitières lorsqu’elles passent le seuil décisif de l’ICPE. « Nous avons aussi des problèmes en terme de prix ; l’activité patine. Notre prix de revient se situe souvent à celui de l’aliment, en raison de la hausse des céréales ». Enfilant combinaison, sur-bottes, le Préfet, accompagné du directeur de la DDTM, a tenu à suivre toutes les étapes de la production porcine du GAEC du Pravey.