Manche
Les Brunes ne comptent pas pour des prunes
Manche
Désormais, en Manche, les éleveurs optent pour une race similaire mais plus rustique, capable de leur apporter des taux. Pas question de concurrence mais de complémentarité.
Inconnue ou presque voici une dizaine d’années dans le département, la race Brune s’implante doucement mais sûrement dans les cheptels Prim’Holstein. Logique, elle est en quelque sorte la cousine de la Noire dont elle partage le bassin d’origine, l’Allemagne. Sylvain et Nadège Léménorel, installés en EARL au Mesnil Gilbert, non loin de Brécey, ont osé, dès 2005, prendre l’option “Brune” pour leur atelier laitier. Sept ans ont passé ; à la clé un bilan largement positif.
Deux laitières au départ
Bien sûr, Sylvain en tant que président de l’association Brune de la Manche pourrait débiter toutes les qualités de la Brune que l’on trouve sur internet, mais il ne le fait pas. Il puise dans son expérience, dans son vécu. Chaque phrase est argumentée, pesée. Ses deux premières Brunes, il est allé les chercher au fin fond de la Bretagne. “Mes parents n’étaient pas agriculteurs, moi ce métier me faisait rêver depuis l’enfance. J’ai repris, d’abord seul, l’exploitation ; Nadège est venue me rejoindre l’année suivante”. Une reprise, ce n’est pas seulement des terres (66 ha de SAU) et des bâtiments, c’est surtout un cheptel, en l’occurrence des PH. “Mes vaches avaient du lait mais manquaient de taux. La Brune m’avait tapé dans l’œil avec un style qui me plaisait. Les caractéristiques globales étant similaires à la Noire, je me suis lancé car, elle, a des taux”. Pour trouver ces deux premières souches, Sylvain a donc “ramé”. Du Finistère, il a ramené deux femelles sans origines vraiment connues. “Au premier contrôle laitier, j’ai vu que les taux remontaient. Mes deux Brunes ont fait des filles, je les ai gardées. Ce n’était pourtant pas suffisant. Dans L’Agriculteur Normand, j’ai vu une annonce provenant de l’Aisne. Un producteur arrêtait, il vendait tout son troupeau “Brune”. Nadège et moi en avons achetées six, puis six génisses dans la Sarthe”. Le troupeau, rameau Brune, s’étoffe avec le temps, avec lui le TB/TP de la production.
Moitié-moitié
Pas question cependant pour Sylvain et Nadège de laisser tomber la Prim’Holstein. “C’est une bonne race, elle donne. Nous, nous avons essayé une option, une alternative, notamment pour éviter de monter en consanguinité PH”. Nos deux exploitants ont aussi exploré une autre voie, la transplantation embryonnaire. “Nous avions de bonne souches, autant, là aussi, essayer”. Idem pour la semence sexée, une technique qui ne réussit pas à tous les élevages. “Le taux de réussite avoisine les 65 %. Avec le recul, Nadège et moi nous nous apercevons que la Brune et la Prim’Holstein se complète parfaitement ; d’ailleurs les taux PH sont aussi remontés depuis 2006”. Côté lactation, il n’y a cependant pas photo, la Noire arrive en tête. “800 litres de décalage par VL, mais là aussi la Brune se rattrape grâce au TP/TB”. Le Mesnil Gilbert, c’est loin d’être la plate campagne du Centre Manche par exemple. Plutôt vallonnée puisque cette petite commune frôle les contreforts du Mortainais. “Un relief idéal pour la Brune, vache de montagne au départ, donc rustique. Nous avons aussi noté moins de problème de métabolisme”.
Sur la stratégie d’accouplement, pas de surprise, “on cherche des taux bien sûr, puis des aplombs (logettes) et de la mamelle”. Seul bémol à la Brune, “elle est plus nerveuse que la PH. Par contre en ration, pas besoin de la “shooter” au concentré. En plus les mamelles tiennent dans le temps, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là”. Même la meilleure des Brunes doit finir sa carrière. “Nous les réformons à 3 lactations ; les PH à 2,4 (ndlr : similaire à la moyenne départementale, toutes races confondues)”. L’élevage mise aussi sur le génotypage. “Comme la Brune est une race mondiale, la base de données compte 5200 taureaux ; une large palette dans laquelle ont peut piocher selon nos orientations”. L’avenir ? “On continue à acheter de la Brune. Le troupeau de soixante VL est désormais partagée entre les deux races”. Si les veaux femelles sont conservés pour le renouvellement, les mâles sont vendus sevrés.
Sylvain et Nadège sont devenus des ambassadeurs de la Brune. L’élevage a participé au Festival de l’Élevage (Lessay), au Space, sans oublier le Sommet de l’Élevage à Cournon. “Pas facile à gérer en emploi du temps, d’autant plus que je suis aussi membre du bureau de la section lait FDSEA et bénévole aux Papillons de Nuit ». Prochaine étape, le congrès national de la Brune, se tenant en décembre prochain, en Suisse.
Deux laitières au départ
Bien sûr, Sylvain en tant que président de l’association Brune de la Manche pourrait débiter toutes les qualités de la Brune que l’on trouve sur internet, mais il ne le fait pas. Il puise dans son expérience, dans son vécu. Chaque phrase est argumentée, pesée. Ses deux premières Brunes, il est allé les chercher au fin fond de la Bretagne. “Mes parents n’étaient pas agriculteurs, moi ce métier me faisait rêver depuis l’enfance. J’ai repris, d’abord seul, l’exploitation ; Nadège est venue me rejoindre l’année suivante”. Une reprise, ce n’est pas seulement des terres (66 ha de SAU) et des bâtiments, c’est surtout un cheptel, en l’occurrence des PH. “Mes vaches avaient du lait mais manquaient de taux. La Brune m’avait tapé dans l’œil avec un style qui me plaisait. Les caractéristiques globales étant similaires à la Noire, je me suis lancé car, elle, a des taux”. Pour trouver ces deux premières souches, Sylvain a donc “ramé”. Du Finistère, il a ramené deux femelles sans origines vraiment connues. “Au premier contrôle laitier, j’ai vu que les taux remontaient. Mes deux Brunes ont fait des filles, je les ai gardées. Ce n’était pourtant pas suffisant. Dans L’Agriculteur Normand, j’ai vu une annonce provenant de l’Aisne. Un producteur arrêtait, il vendait tout son troupeau “Brune”. Nadège et moi en avons achetées six, puis six génisses dans la Sarthe”. Le troupeau, rameau Brune, s’étoffe avec le temps, avec lui le TB/TP de la production.
Moitié-moitié
Pas question cependant pour Sylvain et Nadège de laisser tomber la Prim’Holstein. “C’est une bonne race, elle donne. Nous, nous avons essayé une option, une alternative, notamment pour éviter de monter en consanguinité PH”. Nos deux exploitants ont aussi exploré une autre voie, la transplantation embryonnaire. “Nous avions de bonne souches, autant, là aussi, essayer”. Idem pour la semence sexée, une technique qui ne réussit pas à tous les élevages. “Le taux de réussite avoisine les 65 %. Avec le recul, Nadège et moi nous nous apercevons que la Brune et la Prim’Holstein se complète parfaitement ; d’ailleurs les taux PH sont aussi remontés depuis 2006”. Côté lactation, il n’y a cependant pas photo, la Noire arrive en tête. “800 litres de décalage par VL, mais là aussi la Brune se rattrape grâce au TP/TB”. Le Mesnil Gilbert, c’est loin d’être la plate campagne du Centre Manche par exemple. Plutôt vallonnée puisque cette petite commune frôle les contreforts du Mortainais. “Un relief idéal pour la Brune, vache de montagne au départ, donc rustique. Nous avons aussi noté moins de problème de métabolisme”.
Sur la stratégie d’accouplement, pas de surprise, “on cherche des taux bien sûr, puis des aplombs (logettes) et de la mamelle”. Seul bémol à la Brune, “elle est plus nerveuse que la PH. Par contre en ration, pas besoin de la “shooter” au concentré. En plus les mamelles tiennent dans le temps, contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là”. Même la meilleure des Brunes doit finir sa carrière. “Nous les réformons à 3 lactations ; les PH à 2,4 (ndlr : similaire à la moyenne départementale, toutes races confondues)”. L’élevage mise aussi sur le génotypage. “Comme la Brune est une race mondiale, la base de données compte 5200 taureaux ; une large palette dans laquelle ont peut piocher selon nos orientations”. L’avenir ? “On continue à acheter de la Brune. Le troupeau de soixante VL est désormais partagée entre les deux races”. Si les veaux femelles sont conservés pour le renouvellement, les mâles sont vendus sevrés.
Sylvain et Nadège sont devenus des ambassadeurs de la Brune. L’élevage a participé au Festival de l’Élevage (Lessay), au Space, sans oublier le Sommet de l’Élevage à Cournon. “Pas facile à gérer en emploi du temps, d’autant plus que je suis aussi membre du bureau de la section lait FDSEA et bénévole aux Papillons de Nuit ». Prochaine étape, le congrès national de la Brune, se tenant en décembre prochain, en Suisse.