Environnement
Les étourneaux de plus en plus effrontés
La problématique des étourneaux sansonnets reste importante dans la Manche. Cet hiver, ils sont bien présents au dortoir de la tourbière de Baupte, de l’ordre de 700 000. Un effectif conséquent conduisant à des nuisances non négligeables dans les exploitations. Et les agriculteurs restent toujours sans réel moyen de lutte. Rencontre avec Antoine Metayer, directeur de la FDGDON (fédération départementale de défense contre les organismes nuisibles) de la Manche.
La problématique des étourneaux sansonnets reste importante dans la Manche. Cet hiver, ils sont bien présents au dortoir de la tourbière de Baupte, de l’ordre de 700 000. Un effectif conséquent conduisant à des nuisances non négligeables dans les exploitations. Et les agriculteurs restent toujours sans réel moyen de lutte. Rencontre avec Antoine Metayer, directeur de la FDGDON (fédération départementale de défense contre les organismes nuisibles) de la Manche.
Quelle est la situation pour l’automne 2023 ?
Dans le dortoir de la tourbière de Sèves, la population reste élevée. L’estimation tourne 600 000 et 700 000 individus en décembre, soit une quantité élevée. Dans le dortoir de Saint-Loup, ils semblent être moins nombreux que l’année dernière. Une estimation est programmée pour ce mois de janvier 2024. Et sur le reste du département, nous n’avons pas de dortoirs d’importance.
Les conditions météo ont-elles des incidences ?
Sur le secteur de la tourbière de Sèves, la densité forte d’étourneaux et de leur concentration sur les sites d’exploitation, est plus rapide que les années précédentes. Les conditions climatiques très pluvieuses du mois de novembre ont rapidement conduit les étourneaux à s’alimenter dans les fermes. Elles les ont rendus plus effrontés dans les sites d’exploitation. Sur les secteurs à forte pression d’étourneaux, les dispositifs d’effarouchement présentent une efficacité limitée parce que les étourneaux s’y habituent très vite.
Mais comment protéger les exploitations l’hiver ?
Il existe plusieurs outils disponibles comme le boitier de cris d’oiseaux couplé à un cerf-volant rapace devant le front d’attaque du silo (sans doute le moins onéreux mais à fort risque d’accoutumance). Nous déconseillons l’utilisation d’un canon classique, mais plutôt l’installation d’un effaroucheur pyro-optique, qui va coupler une détonation plus étouffée et acceptable, à un effet visuel par un leurre qui monte le long d’un grand mât, simulant ainsi une attaque de rapace. La combinaison des effets sonores et visuels est toujours plus efficace.
Pour les bricoleurs, l’utilisation d’un cordon mobile sur le couloir d’alimentation, à distance des vaches, permet de limiter la présence les étourneaux. Il s’agit d’installer un bras sur un moteur d’essuie-glace, auquel une cordelette est attachée et installée sur toute la longueur du couloir. L’action du bras va créer une onde sur la cordelette, qui en mouvement permanent, va perturber la pose des étourneaux.
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Il existe aussi le tir, soit le tir de chasse réalisé par des personnes titulaires du permis de chasse, soit par l’utilisation de fusées d’effarouchement.
D’autres moyens existe-t-il ?
Par une barrière physique sur le front d’attaque du silo, il est possible de priver l’accès de l’étourneau au grain. Un prototype a été réalisé par les Etablissements Lenormand à Périers, mais nécessiterait d’être allégé. La pose d’un filet est préférable au rebâchage pour éviter l’effet de chauffe du silo et l’augmentation des butyriques. Cependant, les manœuvres sur le silo ne sont pas sans risques et il convient de prendre toutes les dispositions de sécurité nécessaires pour l’opérateur.
Sur bâtiment fermé par la pose de grillage au faitage ou entre deux pans de toiture, la pose de closoirs ondulés sous les ondulations de toiture, l’installation de bavettes caoutchouc sous les bas de portes. Ces travaux doivent être réalisés en toute sécurité et un professionnel peut réaliser les installations en hauteur. L’isolation doit être réfléchie en globalité pour ne pas laisser une seule zone d’entrée aux étourneaux.
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L’alimentation des bovins doit-elle être adaptée ?
Dans certains cas, afin de limiter les pertes, des exploitants ont opté pour une modification de la ration et des horaires de distribution (maïs le soir et herbe en journée). Mais ceci n’est pas sans conséquences sur le comportement alimentaire du bovin et la charge de travail en soirée pour l’exploitant. Toute modification alimentaire doit faire l’objet d’une étude préalable avec l’expert alimentation, afin de maitriser les impacts sur la conduite de l’élevage.
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Quelles sont les conséquences économiques sur les exploitations agricoles ?
Les étourneaux causent de nombreux dégâts : attaques sur semis de céréales d’automne, fort impact sur la production laitière, sur la croissance des bovins, sans compter les risques sanitaires et psychologiques. La baisse de production laitière est de l’ordre de 10 000 € par hiver et exploitation moyenne manchoise. Les études de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) en 2010 et de Littoral Normand Conseil Elevage de 2017, indiquent des pertes de l’ordre de 1 à 5 millions d’euros par hiver dans le département de la Manche.
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Jean-François Tapin, polyculteur-éleveur laitier dans la Manche, vice-président de la section laitière nous montre sur son exploitation les problèmes posés par les étourneaux et nous amène jusqu'au nichoir à 15 km de sa ferme. Dans cette zone humide 700.000 étourneaux nichent et déversent chaque nuit 1,5 tonne de fiente dans la tourbière qui aliment la principale réserve d'eau potable du département... Quand en plus des pertes financières pour les éleveurs, les étourneaux entrainent aussi des risques sur la santé humaine.