Elevage professionnel ou amateur
Les mêmes règles pour tous
Que ce soit en termes sanitaire ou de bien-être animal, la Fdsea du Calvados réclame l’équité de traitement entre élevages professionnels et élevages amateurs. Les associations « animalistes » sont même invitées à mettre le nez dans quelques dossiers nauséabonds.
Que ce soit en termes sanitaire ou de bien-être animal, la Fdsea du Calvados réclame l’équité de traitement entre élevages professionnels et élevages amateurs. Les associations « animalistes » sont même invitées à mettre le nez dans quelques dossiers nauséabonds.
Ils ne sont pas nombreux les éleveurs ovins professionnels dans le Calvados. Alors, quand on découvre 6 cadavres de moutons en putréfaction au bord de la D 142 (arrière-pays Houlgatais), c’est naturellement vers le responsable de la section ovine de la FDSEA, Jean-Philippe Mournaud, que les regards se tournent. Jean-Philippe est éleveur bio à Brucourt, en GAEC avec son épouse, dans les marais de la Dives.
Préjudice d’image
Les cadavres d’animaux, en pleine canicule, sont restés plusieurs jours à la vue de touristes nombreux en ce début du mois d’août. « Quelle image catastrophique pour notre profession ! Le citoyen et le consommateur sont forcément interpellés par un tel spectacle. On n’a vraiment pas besoin de cela en ce moment », fulmine Jean-Philippe Mournaud.
Une colère d’autant plus grande et légitime qu’il ne s’agit aucunement d’un éleveur professionnel. L’enquête officieuse et « radio campagne » font état d’une troupe échappée d’un enclos et qui s’est fait heurter par un train. Quant au propriétaire, un particulier, les suppositions vont bon train (sans jeu de mots) mais pourquoi les a-t-il déposés en bord de route ? Pour éviter les mauvaises odeurs ?
Deux poids deux mesures
L’occasion pour le responsable professionnel de la Fdsea de dénoncer deux poids deux mesures. L’élevage professionnel est normé et contraint : identification, notification des entrées et sorties, obligations sanitaires... Il l’est d’autant plus pour Jean-Philippe, en agriculture biologique, qui commercialise en vente directe. En cas de non-respect de la législation, le coup de bâton peut tomber à tout instant sous la forme d’une perte de certification ou de refus du paiement des primes Pac.
Quid du particulier ? Il ne risque en fait pas grand-chose sur l’échelle des sanctions. Jean-Philippe Mournaud ne sombre pas pour autant dans l’amalgame. « Tous les éleveurs particuliers ne sont pas à mettre dans le même panier. Certains vont même très loin dans les soins qu’ils prodiguent à leurs animaux ». Il faut cependant reconnaître une part « d’obscurantisme » dans la filière notamment durant la période de l’Aïd-el-Kébir. « On retrouve des panses de moutons et des viscères dans les sacs poubelle», observe notre éleveur.
Distorsion de concurrence
Cette économie parallèle génère une distorsion de concurrence. Pour faire abattre et découper un agneau (en Seine-Maritime), Jean-Philippe débourse environ 65 euros (HT) pour une carcasse de 18 kg.
Il faut ajouter les frais de transport : 240 km aller-retour et payer le pont de Tancarville. Il s’est également équipé d’un camion frigorifique pour respecter la chaine du froid. Au-delà du volet financier, c’est le risque médiatique qui inquiète notre éleveur. « Certaines incivilités pour lesquelles nous ne sommes pour rien pourraient nous coûter très cher...» Comme ce macabre fait-divers.
La Fdsea attend donc que l’administration, dans toutes ses composantes, fasse preuve d’un peu plus de fermeté vis-à-vis de certaines pratiques. Et comme la vie du moutonnier n’est pas un long fleuve tranquille, il reste le dossier « loup ». Jean-Phillipe et sa femme, qui ont œuvré dans les Alpes de Haute Provence, en connaissent un rayon. « Il est bien présent en Seine-Maritime, il est parfaitement possible qu’il arrive dans les marais de la Dives ».