Rupture de la chaîne de froid
Nouveau coup dur pour l’abattoir et Teba
Dans la nuit de mercredi 21 à jeudi 22 octobre 2020, des fuites sur l’installation froid ont été détectées à l’Abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët (ASH) et à l’atelier de découpe Teba, dans la Manche. Résultat : des tonnes de viande à la poubelle.
Dans la nuit de mercredi 21 à jeudi 22 octobre 2020, des fuites sur l’installation froid ont été détectées à l’Abattoir de Saint-Hilaire-du-Harcouët (ASH) et à l’atelier de découpe Teba, dans la Manche. Résultat : des tonnes de viande à la poubelle.
Nouveau coup dur pour l’Abattoir saint-hilairien (ASh) et l’atelier de découpe Teba, situés à GrandParigny. Jeudi 15 octobre, la société Teba avertit la direction de l’abattoir de l’existence de fuites de gaz dans le réseau froid. Une filiale d’EDF spécialisée, Dalkia, intervient pour les contrôler. Dans les jours qui suivent, de nouvelles fuites sont détectées, puis réparées. Jusqu’à une augmentation des températures trop importantes. Jeudi 22 octobre, « des relevés de températures sont effectués sur les carcasses et les abats. Les abats ne doivent pas dépasser 3°C. Là, ils étaient à 4°C voire plus. Les services vétérinaires ont constaté qu’il n’y avait plus de froid au ressuyage », retrace Raphaël Fayaz-Pour, directeur départemental de la protection des populations (DDPP). Teba et ASH sont alors au point mort. « Les opérations d’abattage de vendredi 23 octobre ont été annulées. Le fonctionnement du réseau de froid est revenu à la normale en fin de journée », assure Mont-Saint-Michel Normandie, propriétaire de l’abattoir. Lundi, la direction annonçait avoir redémarré l’outil depuis le matin et déplorait des pertes de matière : « beaucoup d’abats et un peu de carcasses ».
Les dégâts en bout de chaîne
L’atelier de découpe Teba, géré par Manuel Pringault, se situe en bout de chaîne de l’abattoir. Il a été le premier à subir les pannes de froid et cumule la majorité des pertes. Jeudi 22 octobre, le dirigeant était fou de rage : « depuis une semaine, il y a des fuites de gaz entre les condenseurs et les évaporateurs. Hier, il n’était pas trop tard, nous avions encore 5°C. Ce matin, il faisait plus de 7 °C. On a tout arrêté ». Manuel Pringault chiffre les dégâts à « minimum 200 k€. Je rembourserai la viande à mes clients, y compris la marge qu’ils devaient gagner avec la vente. Mon client éleveur ne perdra pas un centime ». L’outil a redémarré lundi matin. La DDPP estime que « 11 tonnes de de produits finis, après désossage, ont été saisies, ainsi que plusieurs dizaines de carcasses de porcs, moutons, bovins, en majorité pour Teba ».
« On le savait »
« J’ai toujours eu peur d’en arriver là mais on le savait, lâche Manuel Pringault. La communauté d’agglo doit nous fournir du froid. C’est compris dans mes loyers, comme l’eau et l’électricité. Le froid est primordial pour notre travail. Normalement, ça n’arrive jamais. » Il condamne une gestion « trop légère » de l’abattoir. « La surveillance des installations froid est très importante, insiste Raphaël Fayaz-Pour. Ces dernières années, on a constaté un manque de suivi. On espère que ça va aller mieux mais la surveillance doit encore être renforcée. » De son côté, Manuel Pringault attend « de voir si MSN est prêt à admettre ses erreurs et s’ils prendront en charge le surplus des indemnisations à verser au-delà de 135 k€ Quelqu’un de responsable doit assumer ».
Cet épisode arrive dans la suite de la série noire qui touche ASH. Il y a deux ans, l’abattoir est placé en redressement judiciaire. L’outil est vétuste et déficitaire. Manuel Pringault, alors gérant par délégation de service public pour la communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie, avertit les élus : « je considère ne plus être en mesure d’assurer une exploitation pérenne de cet outil », écrit-il dès 2018. Un an plus tard, il demande un plan de sauvegarde de l’abattoir auprès du tribunal de commerce de Coutances, « l’outil est arrivé au bout ». Au printemps 2020, les tonnages augmentent alors que le personnel diminue. En cause, la fermeture du site de Cherbourg et la crise sanitaire liée à la Covid-19. En juin, le préfet fait fermer ASH pendant une semaine pour raisons sanitaires et problèmes de froid. En juillet, il est repris en régie par la communauté d’agglomération. Jusqu’à la rupture de la chaîne du froid. Interrogée sur la vétusté de l’outil et la gestion d’ASH depuis sa reprise en régie et son avenir, MSN n’a pas répondu.