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Parole d’installé, 25 ans après : " Le moral n’y est plus "

Installé en 1995, Sébastien Macé, agriculteur à Heugueville-sur-Sienne (50) avait fait l’objet d’une rubrique Parole d’installé en 1999. La motivation d’il y a 25 ans n’est plus au rendez-vous chez l’éleveur qui déplore un manque de reconnaissance et des contraintes excessives dans son métier.

Sébastien Macé, agriculteur dans la vallée de la Sienne
« On brûle », résume Sébastien Macé, agriculteur dans la vallée de la Sienne, (en arrière-plan), aux sols très sablonneux.
© DR

L’Agriculteur Normand retrouve Sébastien Macé, 21 ans après une première interview pour Parole d’installé. En 1995, après une maîtrise de biochimie et biologie appliquée, il rejoint ses parents en Gaec dans l’exploitation familiale. Lorsqu’ils partent à la retraite, il passe en EARL et embauche un salarié. Après le départ de celui-ci en 2017, les finances ne permettent pas d’effectuer un remplacement et Sébastien Macé travaille aujourd’hui seul sur l’exploitation.
La conjoncture actuelle, notamment le prix du lait, ne lui donne pas le moral : « je ne suis plus motivé comme avant. On est mal payés, mal vus par la population, on n’a pas de vacances. J’ai perdu la flamme que j’avais à mon installation ».

Terre morcelée

En 1999, la question de la gestion du cadastre avait été posée naturellement dans une ferme où la taille moyenne des parcelles est de 1 ha et où la plus grosse fait 6 ha coupée par trois murets. A l’époque, deux demandes de remembrement avaient été refusées. « De même pour une troisième demande en 2001, déplore l’éleveur, c’est malheureux pour la profession, car on perd de l’argent. A surface égale, pour cultiver du maïs, ma facture est 1,5 fois supérieure à celle d’un de mes collègues de Cuma qui n’a pas ce problème de morcellement des terres ». L’atelier animal en pâtit également : « près de la stabulation, les vaches ont accès à 6 ha, pour un troupeau de 65 bêtes c’est trop peu ».  Les difficultés sont aussi là concernant le terroir : « ici en bord de côte, on crame. C’est sablonneux, très drainant. D’un côté c’est un atout, car deux ou trois jours après les précipitations, on peut déjà rentrer dans les parcelles, mais on l’a payé lors des trois dernières années où tout était brûlé. On ne peut pas faire de cultures dérobées pour préserver la réserve utile.  Avec le réchauffement climatique, même la luzerne a eu du mal à pousser dans ces terres. Je n’ai plus d’avance dans les stocks de fourrages comme avant ». 

A l’étable

Côté troupeau, la moyenne est passée de 7 000 l à 10 000 l par an, « mais tout a changé : alimentation, bâtiment, génétique », souligne Sébastien Macé qui est satisfait de ses choix concernant la génétique : « il y a 10 ans, il fallait casser les taux, j’ai décidé de les maintenir. Maintenant, la matière grasse est mieux valorisée, je suis content de cette décision ».
Le prix du lait, à la différence des performances du troupeau, n’est pas au beau fixe pour Sébastien Macé qui explique : « avec 5 cts de plus par litre, je pourrais reprendre un salarié ». De même, la baisse de la demande en génisses lui a fait atteindre un taux de renouvellement de 50 %, qu’il souhaite infléchir pour revenir à un taux de 25 %.
Parallèlement, l’éleveur s’est lancé depuis un an dans le génotypage de son troupeau, technique dont il apprécie « la précision pour travailler sur tel ou tel caractère en particulier ».

Politique et société

Le sujet des contraintes environnementales, abordé dans l’article de 1999, s’est étoffé. Le classement des haies par la PAC est vu par Sébastien Macé comme une réelle contrainte : « le morcellement du parcellaire, non remembré, ici rend les haies problématiques pour les cultures dans les petites parcelles. Je ne suis pas contre les haies, mais il faut une certaine taille de parcelle pour pouvoir les encaisser ». Il y a aussi la Directive nitrates : « avec le nouveau découpage, on sera dedans. Les couverts en hiver, c’est toujours de l’argent en plus, mais ça constitue un investissement de fonds pour l’état du terrain ». Sébastien Macé est président de la Cuma du Mont-César, comptant six adhérents, et délégué départemental de la fédération des Cuma Normandie Ouest. « Même si ça n’est jamais facile de recruter des adhérents, la façon de travailler dans une Cuma me plaît beaucoup ».

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