Philippe Bas apporte 30 000 € au Sileban
En visite sur la station d’expérimentation et de développement, Sileban, située à Gatteville-Phare, le président du Conseil départemental de la Manche a annoncé une aide supplémentaire de 75 %, soit 30 000 euros. Rencontre avec le président du site, Bernard Guillard.
La filière a été marquée par la crise en 2014. Comment se porte la filière aujourd’hui ?
La filière va mieux. Les cours sont à des niveaux plus normaux. On revient dans des moyennes triennales. La difficulté, c’est que les crises que nous rencontrons mettent véritablement à mal les trésoreries. L’inflation n’est pas la même dans les charges que dans les produits. Structurellement, cela marque les entreprises quand les mauvaises années se répètent. Quand on fait une mauvaise année, on met plus de temps à récupérer.
Cela veut dire que les trésoreries sont marquées ?
Effectivement. Il y a eu des appuis, tantôt du côté des banques, tantôt du côté de la MSA. Cela permet de passer des caps mais pas de manière durable. On a besoin de la même inflation dans nos produits que dans nos charges. Les trésoreries ne sont pas rétablies.
La filière compte 3 000 emplois. Est-il facile de trouver de la main-d’œuvre ?
Ce sont 3 000 emplois directs et indirects. Il y a ceux que nous voyons dans les champs, et ceux qui sont dans les centres de conditionnement. C’est aussi 3 000 profils différents, avec des qualifications différentes. Récolter des salades ou piloter une machine dans une station n’est pas la même chose. Plus on arrive à fidéliser les gens, plus on arrive à tenir la qualification. Nous sommes dans un territoire rural, nous trouvons de la main-d’œuvre consciencieuse.
La filière a su se mécaniser. Mais pas trop parce que vous dites que tout ce qui mécanisable est délocalisable.
Tout à fait. La Manche doit son salut de grande région de production de navets, de salades, de poireaux au fait que les productions nécessitent de la main-d’oeuvre.
On a vu des productions plus mécanisées telle que la carotte et filer vers des grandes plaines. Pour autant, on aspire toujours à de meilleures conditions de travail.
Avec les organisations de producteurs, la filière s’affiche très structurée. Ce qui constitue un atout pour garder le cap ?
Dans la Manche, nous avons la chance d’être structurés grâce au fait que nous sommes loin des consommateurs. Cela nous donne des forces pour regarder ensemble les techniques. Nous ne restons pas chacun dans nos coins, tantôt à chercher des solutions techniques, tantôt des solutions de commercialisation ou de logistique.
Une des faiblesses qui a été annoncée a été la transmission des exploitations. Qu’en est-il réellement ?
Nous étions bien souvent sur des modèles familiaux. Aujourd’hui, seule une personne du couple travaille sur l’exploitation. À défaut d’être reprises, elles ont été à l’agrandissement. Et on se retrouve avec des producteurs qui sont à la fois des exécutants et des donneurs d’ordre. Ils ont de plus en plus la tête dans le guidon et de moins en moins à appréhender à moyen terme leur exploitation. Le Sileban est là aussi pour chercher de l’information et la diffuser. Et nous devons aussi leur permettre à nos producteurs de prendre de la hauteur.
Le Tour de France sera présent dans le département pendant trois jours. C’est une opportunité pour vous ?
Nous serons au lieu-dit La Caserne sur un espace de la FDSEA, avec la coopérative Agrial et les Jardins de Normandie. Nous présenterons des produits aux consommateurs qui seront des spectateurs du Tour de France. On animera le stand de manière à ce que les visiteurs puissent rester et apprécier nos produits.
On sera au Mont-Saint-Michel. Le Tour de France longe la côte et passera à Créances. Les producteurs auront également un espace avec leurs productions et leur savoir-faire. Ce sera le cas aussi à Lessay. Et il terminera par Sainte-Marie-du-Mont. Le lendemain, en s’élançant de St-Lô, il repassera par Lessay mais sur un axe différent.
C’est une belle opportunité. Etre vus par 170 pays simultanément, c’est une chance extraordinaire.