Section lait de la FDSEA de la Manche
Races laitières : la contractualisation peine toujours à se développer
Après la visite du Lilano, laboratoire interprofessionnel laitier de Normandie, basé à Saint-Lô, les membres de la section lait de la FDSEA de la Manche, présidée par Ludovic Blin, se sont penchés sur la contractualisation avec la présence de Baptiste Leclerc, président de la section viande bovine à la FDSEA.
Après la visite du Lilano, laboratoire interprofessionnel laitier de Normandie, basé à Saint-Lô, les membres de la section lait de la FDSEA de la Manche, présidée par Ludovic Blin, se sont penchés sur la contractualisation avec la présence de Baptiste Leclerc, président de la section viande bovine à la FDSEA.
Depuis le 1er janvier 2022, la contractualisation est obligatoire pour les jeunes bovins, génisses et vaches de race à viande et tous bovins sous signe de qualité. Ont suivi les broutards au 1er juillet 2022. Et six mois après, c'était autour des races laitières. Mais avec 16 % des animaux en contractualisation, force est de constater qu'elle peine à se développer. C'est le constat mené par Ludovic Blin, président de la section lait et de Baptiste Leclerc, président de la section viande bovine de la FDSEA de la Manche. Le sujet a donc été mis sur la table lors de la dernière réunion de section des producteurs de lait de la FDSEA le 14 mars. "On peut contractualiser un volume et un prix. C'est un avantage", assure Baptiste Leclerc. Pour Ludovic Blin, "ce serait le bon moment de contractualiser d'autant plus que les abatteurs vont avoir besoin de matières premières", précise-t-il. Mais comme le dit Xavier, poisson, producteur à Portbail-sur-Mer, "ce n'est pas dans notre culture. On a peur de contractualiser". Appuyer par Nina Bayer, chargée de mission à la FNB, les éleveurs ont passé en revue un contrat type pour bien appréhender tous les points. "Il faut que la loi Egalim transpire dans ses contrats", souligne Ludovic Blin qui attire l'attention sur les possibles contrôles en vue de vérifier la régularité des différents maillons de la chaîne. La réflexion va se poursuivre et le sujet reviendra sur la table prochainement.
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Lactalis : une avancée
En seconde partie de réunion, les producteurs de lait ont fait le point sur la conjoncture laitière. Au 1er janvier 2024, le nombre de vaches laitières en France a reculé de 1,6 %. Les naissances issues des vaches laitières ont diminué de 0,4 % en décembre 2023 par rapport à l'année précédente. Malgré cette situation, les producteurs de la Manche ne veulent rien lâcher. Ils font écho aux négociations entre l'Unell et Lactalis. L'industriel laitier avait annoncé 405 €/1 000 l pour le mois de janvier 2024. "On est allé chercher 15 €/1 000 l grâce aux mobilisations", assure Ludovic Blin. Effectivement, Lactalis a annoncé un prix du lait à 420 €/1 000 l pour le premier trimestre 2024. Et la pression n'étant pas retombée, il a proposé 425 €/1 000 l. "Ce n'est pas pour autant fini. C'est déjà une avancée pour pouvoir travailler sur un nouveau prix. On ne peut pas être toujours devant les grilles", note le responsable syndical.
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En appui des OP
La situation de Sunlait face à Savencia a également été au cœur des échanges. "On souhaite une vraie relation entre les organisations producteurs et le syndicalisme pour que les choses avancent", indique le président de la section. Aujourd'hui, le contrat entre les organisations de producteurs de Sunlait et de Savencia a été prolongé jusqu'au 31 octobre 2024, après que les producteurs aient fait appel au comité de règlement des différends commerciaux, structure mise en place au travers de la loi Egalim. Si les relations sont tendues entre les producteurs et l'industriel laitier, Sunlait a signé un contrat avec les Maîtres Laitiers du Cotentin pour un volume de 60 millions d'€ à compter de la fin de l'année 2024. "C'est un très bon travail", commente Ludovic Blin. Pour les autres coopératives laitières ou industriels laitiers, arrivant en bas de tableau, des discussions devraient être entamées.
Etre attractif
L'étiquetage, mais aussi le prix des produits mis en rayon ont été dénoncés par la section. "1,31 € pour un camembert ou 0,75 €/l de lait de consommation, ce n'est pas possible. On écrase la valeur qu'on est allé chercher. Il faut qu'on reste vigilant", martèle Ludovic Blin. Tous ces sujets ont un lien évident avec la souveraineté alimentaire. "Le revenu des agriculteurs n'est pas à la hauteur. D'ici huit ans, un agriculteur sur deux sera à la retraite. L'enjeu sera encore plus d'actualité. Il faut qu'on soit attractif pour pouvoir accueillir des jeunes dans notre filière ", conclut Ludovic Blin.