Jeudi de la colère
Mobilisation : un combat long et difficile dans la Manche
Si le "Jeudi de la colère" a été un tournant dans la mobilisation des agriculteurs sur l'hexagone, dans la Manche, les actions avaient débuté presque une semaine avant avec la rencontre du conseiller agricole de l'Elysée, un déplacement à Leclerc à Agneaux le lundi. Et elles se poursuivent encore.
Si le "Jeudi de la colère" a été un tournant dans la mobilisation des agriculteurs sur l'hexagone, dans la Manche, les actions avaient débuté presque une semaine avant avec la rencontre du conseiller agricole de l'Elysée, un déplacement à Leclerc à Agneaux le lundi. Et elles se poursuivent encore.
La colère monte chez les agriculteurs en France comme dans la Manche. Mais pour les adhérents de la FDSEA et des JA, il n'est pas question d'aller devant les grilles de la préfecture. " Nous sommes des syndicats responsables. Nous menons des actions dans le respect des biens et des personnes ", notent Jean-Michel Hamel (FDSEA) et Luc Chardine (JA).
Du sonnant et du trébuchant
Le 25 janvier, ils se sont mobilisés à deux endroits stratégiques du département, à savoir le rond-point de Guilberville et à St-Hilaire-Petitville, en organisant des barrages filtrant afin de sensibiliser les automobilistes par des tracts et en distribuant près de deux tonnes de produits de la Manche (carottes, poireaux, choux, navets…). Et sur ces deux points, ils ont reçu un accueil compréhensif des automobilistes. " On veut du sonnant et du trébuchant ", lâche Jean-Michel Hamel. Il pointe du doigt le manque de rémunération, le non-respect de la loi Egalim, les normes et les contrôles qui en découlent, l'importation de produits qui ne répondent aux mêmes exigences qu'en France, l'entretien des haies et des cours d'eau, le versement des aides PAC... " Plus de 6 % ne les ont pas reçues. C'est honteux ", tonne le président de la FDSEA.
140 mesures issues de la base
Pas moins de 140 mesures avaient été formulées par la base des deux syndicats dans tous les départements de France. Et ce sont ces propositions que la FNSEA et les JA ont mis sur la table du Premier ministre, Gabriel Attal. " On dit stop à la surtransposition, on rejette en bloc les ZNT, le zonage des zones humides ", poursuit Luc Chardine. Ils ne veulent pas non plus des 4 % de jachère qui permettrait une meilleure rotation des cultures et une production plus importante. Ils espèrent que le gouvernement reviendra sur le ratio des prairies, sur l'IED pour la volaille et le porc… " C'est indispensable ", s'indignent les responsables syndicaux. Et bien entendu des mesures spécifiques en matière de renouvellement des générations. " Le projet de loi est incomplet. Il reste beaucoup de travail sur ce sujet. Il nous faut des mesures fiscales et sociales ", martèle Luc Chardine.
Être soutenus
Pendant toute la semaine, le message a été le même, porté à la fois devant les distributeurs ou les industriels. " On a besoin d'être soutenus parce que le combat sera long et difficile ", concluent les deux hommes. Une fois les barrages levés, les producteurs du nord de la Manche ont rendu visite aux grandes surfaces de Carentan et ont échangé avec leurs responsables quand ceux du centre ont défilé en tracteurs dans les rues de Saint-Lô.
Les agriculteurs étaient suspendus aux annonces du Premier ministre le lendemain. Ils ont enchainé des mobilisations samedi 27 janvier à Saint-Hilaire-du-Harcouët et Coutances, lundi 29 janvier à Isigny-le-Buat, ou encore mardi 30 janvier à Villedieu-les-Poëles. La base a voulu se faire entendre dans différents secteurs du département, devant la grande distribution ou encore les industriels laitiers. "Il faut tenir bon", souligne un des manifestants, et toujours dans le même esprit "solidaire et exemplaire".
Les retraités aux côtés des actifs
Réunie en bureau mercredi, la section départementale des anciens exploitants (SDAE) a rappelé sa solidarité avec les revendications des actifs et les manifestations en cours. Certains sujets, comme l'entretien des haies et des cours, concernent d'ailleurs également les retraites. "Il est important d'accompagner les actions pour grossir les troupes", note Gérard Bédouin, président de la section. "Notre objectif est de mobiliser nos réseaux en étant efficace", répètent les deux syndicats, FDSEA et JA, à la fois sur le terrain mais aussi auprès des administrations et des parlementaires.