Lait : l’OPNC s’arrime à l’UNELL
Réunie en assemblée générale jeudi dernier, l’OPNC (Organisation de producteurs Normandie Centre) a décidé d’adhérer à l’UNELL. L’Union Nationale des Eleveurs Livreurs Lactalis dispose désormais d’une représentativité nationale.

ll S’agit-il d’un effet Macron ? Toujours est-il qu’au lendemain du discours présidentiel post EGA de Rungis qui a repositionné les OP (Organisation de Producteurs) au cœur des négociations entre producteurs et acheteurs, les lignes ont bougé dans le Landerneau laitier hexagonal.
Interlocuteur incontournable
Répondant à l’invitation de Jacky Gilbert, président de l’OPNC depuis le 28 juillet dernier suite à la démission de Max Vié le 17 mai, Claude Bonnet a saisi l’actualité chaude pour repositionner le rôle de chacun face aux enjeux de demain. Pour le producteur cantalien, «c’est encore plus limpide après les EGA (Etats généraux de l’Alimentation). Les OP vont devenir un interlocuteur incontournable entre la production et celui qui achète le lait. De plus, c’est un système qui convient à Bruxelles. Demain, ce sera aux OP de faire des propositions aux entreprises».
De quoi apporter un souffle nouveau de dynamisme à l’OPNC éprouvée par de longs mois de négociations avec le géant Lactalis sur un projet d’accord-cadre. «Nous avons dépensé beaucoup d’énergie et je tiens à remercier Max pour le travail accompli mais je pense qu’il faut désormais changer de braquet», a précisé en préambule Jacky Gilbert. Car même forte de ses 6 composantes (OP Lactalis de l’Orne, groupement des producteurs de lait du Bocage Normand, groupement des producteurs Lanquetot des Veys, association des producteurs Lactalis de Sarthe, association des producteurs Lactalis Eure-et-Loir, groupement des producteurs de lait de l’Eure livrant à Lactalis), l’OPNC ne pèse pas bien lourd face au mastotonde lavallois.
Unell : 3500 producteurs
L’UNELL, avec ses 8 OP regroupant 3500 producteurs Lactalis sur un total de 11 000 pour 1,4 milliard de litres de lait, pèse-t-elle davantage? Sans doute pas assez «mais depuis que nous sommes reconnus par les pouvoirs publics, on a senti de la part de Lactalis une autre écoute», témoigne son président qui considère que «pour beaucoup de transformateurs, la contractualisation est un outil alors que Lactalis y va à marche forcée. Il faut adhérer aux OP pour donner de la force au système. Si nous sommes plus nombreux, on peut aller vers un résultat». Et aux producteurs regrettant le peu de retours 5 ans après le démarrage du chantier de la contractualisation, Claude Bonnet refuse de baisser les bras. «On est dans la création, ce n’est pas fini. En Bavière, ce système a 40 ans». Une contrée où les 1000 litres avoisinent les 400 €.
Mais peut et veut faire mieux
En rejoignant l’UNELL, l’OPNC délègue ainsi son pouvoir de négociation sur l’accord-cadre à finaliser «mais le rôle des OP est localement vachement important», a lâché (avec ou sans jeu de mots) Claude Bonnet notamment «dans l’évolution des volumes contractuels des adhérents» avec des systèmes différenciés selon les territoires. «On apporte aussi un service et une transparence».
Pour autant, d’autres questions de poids restent en suspens comme l’obligation, ou pas, d’adhérer demain à une OP ? La représentativité des OP au sein de l’interprofession en tant qu’acteur économique ? «Nous y sommes favorables», plaide-t-on du côté de l’UNELL.
En conclusion, chacun s’accorde sur un point : massifier l’offre pour peser dans les débats. «L’éclatement des OP chez Lactalis le sert mais nous en sommes responsables», a jugé Claude Bonnet. Pour autant, toutes les composantes de l’OPNC vont-elles rejoindre directement l’UNELL ? Pour certains, le chemin pourrait d’abord passer par la Bretagne...