Cheval
Des fourrages ensilés en hiver : c’est possible même pour des équins
Cheval
Au cours des 3 années d’observation conduites par le réseau REFErences (Réseau Economique de la Filière Equine), il a été mis en évidence une grande disparité des charges d’alimentation sur les exploitations équines.
Intermédiaire entre le foin et l’ensilage, l’enrubannage est assurément le produit qui offre le plus de souplesse, tant au niveau de la récolte de l’herbe que de l’utilisation par les animaux.
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G. Coisel
Pouvant amener des charges lourdes, le régime alimentaire basé sur une quantité importante de concentrés se rencontre tellement souvent qu’il en ferait presque oublier que le cheval peut être un excellent valorisateur des fourrages de l’exploitation. Ainsi, enrubannage et ensilages, qu’ils soient de maïs ou d’herbe, peuvent parfaitement entrer dans la ration de certaines catégories d’animaux, telles que les chevaux en croissance et les poulinières, et apporter un peu de rentabilité à des exploitations (parfois) fragiles économiquement.
Suffisamment d’animaux pour ensiler
Quel que soit le produit récolté en ensilage, il faut se poser la question du nombre d’animaux à alimenter. Ce mode de conservation (aliment humide gardé sous film plastique - en milieu anaérobie) oblige à avoir une distribution soutenue pour permettre de conserver la qualité du produit, dès l’ouverture du silo. En conditions normales, le front d’attaque du silo doit avancer d’au moins 10 cm/jour en hiver pour ne pas avoir de reprise du processus de fermentation, ni de moisissure.
A moins que l’on ne dispose de suffisamment d’animaux d’élevage (poulinière, poulains à viande) ou d’un cheptel bovin, l'alimentation à base d’ensilage n’est pas à envisager.
L’énergie du maïs ensilé
Le grand avantage de l’ensilage, c’est de pouvoir travailler avec des fourrages de valeur alimentaire constante dans le temps.
Dès lors que les conditions de récolte et de conservation sont bonnes, l’ensilage de maïs est un fourrage bien ingéré, réputé pour sa richesse en énergie. Récolté à un taux de matière sèche d’au moins 30 % (35 % serait préférable), il peut entrer dans la ration à hauteur de 6/7 kg de MS/jour (ou 20 kg brut) pour une poulinière.
L'ensilage est apprécié du cheval puisqu’il rompt la monotonie des rations non diversifiées. Il ralentit le transit digestif des régimes riches en concentrés, d’où une baisse des accidents digestifs et une meilleure valorisation des rations.
Sa grande richesse en énergie (0,80 à 0,85 UFC/kg MS) entraîne une insuffisance des apports en matières azotées (30 g MADC/kg MS seulement), minéraux (calcium surtout) et vitamines (A, D). La complémentation avec un concentré azoté est incontournable mais les quantités restent limitées. Il arrive aussi que l’éleveur soit amené à freiner des animaux qui auraient tendance à s’engraisser un peu trop : c’est vrai pour certaines poulinières et même pour leur poulain à la naissance. Le risque : avoir un poulinage plus difficile.
Le bon équilibre de l’ensilage d’herbe
S’il est plutôt déconseillé de faire un ensilage d’herbe en coupe directe (la capacité à ingérer se trouve trop diminuée chez le cheval), l’ensilage d’herbe préfanée est un fourrage bien adapté au cheval. La mise au silo a lieu 24 à 48 heures après la fauche. De cette façon, le fourrage passe de 17-18 % à 25-30 % de MS/kg. Le meilleur compromis entre qualité du produit et rendement se situe légèrement avant le stade début épiaison des graminées (à l’épiaison : 50 % des épis sont visibles). Ainsi réalisé, l’ensilage pourra avoir un équilibre MADC/UFC qui se rapproche de ce que la ration doit offrir : 80 à 100 g de MADC pour 1 UFC pour un animal à l’entretien ou avec un travail léger et même 100 à 120 g de MADC/UFC pour une poulinière gestante, pour peu qu’il y ait présence d'un peu de légumineuses dans l’herbe.
Rien n’empêche donc d’en mettre dans la ration, à partir du moment où l’on respecte les recommandations de base (voir telex).
L’enrubannage : le produit à découvrir
Intermédiaire entre le foin et l’ensilage, c’est assurément le produit qui offre le plus de souplesse, tant au niveau de la récolte de l’herbe que de l’utilisation par les animaux.
Une récolte plus simple
A la différence des ensilages, l’enrubannage demande peu de mécanisation spécifique si la pose du film plastique est faite par entreprise ou par CUMA. Chargeur, remorque fourragère et matériels de fenaison sont présents sur beaucoup d’exploitations d’élevage. C’est aussi une récolte qui mobilise peu de personnes à une période où les jours sont longs. Là où le chantier d’ensilage n’est pas possible (petite surface à faucher), la récolte d’un fourrage de qualité autrement qu’en foin devient possible.
Le fourrage préféré des animaux
A un optimum de 40 à 50 % de MS, l’enrubannage peut être ingéré en quantités importantes. Bien conservé, pour une herbe récoltée jeune, la valeur alimentaire du fourrage est supérieure à celle du foin : moindre temps de séchage, davantage de feuilles, plus grande appétence amènent même le plus souvent à en limiter la consommation.
Dès lors, on ne sera pas surpris de voir que les croissances peuvent être très bonnes, avec des rations qui comportent moitié moins de concentré que pour des régimes à base de foin. Si l’on ajoute, enfin, l’absence totale de poussière, on comprendra qu’il puisse être l’un des fourrages de base de l’alimentation des équidés.
La principale limite : le coût
Pour une mise en œuvre proche de celle du foin mais complétée par la pose du film plastique, l'enrubannage a un coût assez nettement supérieur à la récolte en foin: 53 €/T de MS contre 35 €/T de MS de foin*. Toutefois, il est plus risqué de faire du bon foin (24 à 36 heures de temps de séchage supplémentaire pour le foin) et il faut impérativement disposer de stockage, contrairement à l'enrubannage qui peut rester dehors, sur un sol stabilisé.
Autres limites à connaître : une balle d'enrubannage (220 à 230 kg de MS environ) doit être intégralement consommée dans les 5 jours qui suivent son ouverture. Selon les quantités consommées/équin/jour, il faut donc de 6 à 8 animaux nourris avec de l'enrubannage pour ne pas avoir de perte de qualité ou de fourrage. Enfin, la mise en libre service de la balle facilite le travail car la distribution individualisée est relativement difficile (l'enrubannage se déroule moins facilement que le foin).
Pour autant, l'enrubannage est, sans nul doute, l'aliment qu'il convient de découvrir pour tous les éleveurs qui disposent de surfaces fourragères à récolter et qui souhaitent abaisser leurs coûts de rationnement.
* Travaux de Christian Savary Chambre d'agriculture de la Manche. 2010. Coût prenant en compte toutes les manipulations jusqu'au stockage, main d'œuvre non comprise.p Pour en savoir plus sur cette brochure de 36 pages que vient de publier le réseau équin de Normandie, vous pouvez consultez les sites :
- de l'Institut de l'élevage: www.idele.fr,
- du Conseil des chevaux : www.chevaux-normandie.com
- des Chambres d'agriculture: www.normandie.chambagri.fr
Suffisamment d’animaux pour ensiler
Quel que soit le produit récolté en ensilage, il faut se poser la question du nombre d’animaux à alimenter. Ce mode de conservation (aliment humide gardé sous film plastique - en milieu anaérobie) oblige à avoir une distribution soutenue pour permettre de conserver la qualité du produit, dès l’ouverture du silo. En conditions normales, le front d’attaque du silo doit avancer d’au moins 10 cm/jour en hiver pour ne pas avoir de reprise du processus de fermentation, ni de moisissure.
A moins que l’on ne dispose de suffisamment d’animaux d’élevage (poulinière, poulains à viande) ou d’un cheptel bovin, l'alimentation à base d’ensilage n’est pas à envisager.
L’énergie du maïs ensilé
Le grand avantage de l’ensilage, c’est de pouvoir travailler avec des fourrages de valeur alimentaire constante dans le temps.
Dès lors que les conditions de récolte et de conservation sont bonnes, l’ensilage de maïs est un fourrage bien ingéré, réputé pour sa richesse en énergie. Récolté à un taux de matière sèche d’au moins 30 % (35 % serait préférable), il peut entrer dans la ration à hauteur de 6/7 kg de MS/jour (ou 20 kg brut) pour une poulinière.
L'ensilage est apprécié du cheval puisqu’il rompt la monotonie des rations non diversifiées. Il ralentit le transit digestif des régimes riches en concentrés, d’où une baisse des accidents digestifs et une meilleure valorisation des rations.
Sa grande richesse en énergie (0,80 à 0,85 UFC/kg MS) entraîne une insuffisance des apports en matières azotées (30 g MADC/kg MS seulement), minéraux (calcium surtout) et vitamines (A, D). La complémentation avec un concentré azoté est incontournable mais les quantités restent limitées. Il arrive aussi que l’éleveur soit amené à freiner des animaux qui auraient tendance à s’engraisser un peu trop : c’est vrai pour certaines poulinières et même pour leur poulain à la naissance. Le risque : avoir un poulinage plus difficile.
Le bon équilibre de l’ensilage d’herbe
S’il est plutôt déconseillé de faire un ensilage d’herbe en coupe directe (la capacité à ingérer se trouve trop diminuée chez le cheval), l’ensilage d’herbe préfanée est un fourrage bien adapté au cheval. La mise au silo a lieu 24 à 48 heures après la fauche. De cette façon, le fourrage passe de 17-18 % à 25-30 % de MS/kg. Le meilleur compromis entre qualité du produit et rendement se situe légèrement avant le stade début épiaison des graminées (à l’épiaison : 50 % des épis sont visibles). Ainsi réalisé, l’ensilage pourra avoir un équilibre MADC/UFC qui se rapproche de ce que la ration doit offrir : 80 à 100 g de MADC pour 1 UFC pour un animal à l’entretien ou avec un travail léger et même 100 à 120 g de MADC/UFC pour une poulinière gestante, pour peu qu’il y ait présence d'un peu de légumineuses dans l’herbe.
Rien n’empêche donc d’en mettre dans la ration, à partir du moment où l’on respecte les recommandations de base (voir telex).
L’enrubannage : le produit à découvrir
Intermédiaire entre le foin et l’ensilage, c’est assurément le produit qui offre le plus de souplesse, tant au niveau de la récolte de l’herbe que de l’utilisation par les animaux.
Une récolte plus simple
A la différence des ensilages, l’enrubannage demande peu de mécanisation spécifique si la pose du film plastique est faite par entreprise ou par CUMA. Chargeur, remorque fourragère et matériels de fenaison sont présents sur beaucoup d’exploitations d’élevage. C’est aussi une récolte qui mobilise peu de personnes à une période où les jours sont longs. Là où le chantier d’ensilage n’est pas possible (petite surface à faucher), la récolte d’un fourrage de qualité autrement qu’en foin devient possible.
Le fourrage préféré des animaux
A un optimum de 40 à 50 % de MS, l’enrubannage peut être ingéré en quantités importantes. Bien conservé, pour une herbe récoltée jeune, la valeur alimentaire du fourrage est supérieure à celle du foin : moindre temps de séchage, davantage de feuilles, plus grande appétence amènent même le plus souvent à en limiter la consommation.
Dès lors, on ne sera pas surpris de voir que les croissances peuvent être très bonnes, avec des rations qui comportent moitié moins de concentré que pour des régimes à base de foin. Si l’on ajoute, enfin, l’absence totale de poussière, on comprendra qu’il puisse être l’un des fourrages de base de l’alimentation des équidés.
La principale limite : le coût
Pour une mise en œuvre proche de celle du foin mais complétée par la pose du film plastique, l'enrubannage a un coût assez nettement supérieur à la récolte en foin: 53 €/T de MS contre 35 €/T de MS de foin*. Toutefois, il est plus risqué de faire du bon foin (24 à 36 heures de temps de séchage supplémentaire pour le foin) et il faut impérativement disposer de stockage, contrairement à l'enrubannage qui peut rester dehors, sur un sol stabilisé.
Autres limites à connaître : une balle d'enrubannage (220 à 230 kg de MS environ) doit être intégralement consommée dans les 5 jours qui suivent son ouverture. Selon les quantités consommées/équin/jour, il faut donc de 6 à 8 animaux nourris avec de l'enrubannage pour ne pas avoir de perte de qualité ou de fourrage. Enfin, la mise en libre service de la balle facilite le travail car la distribution individualisée est relativement difficile (l'enrubannage se déroule moins facilement que le foin).
Pour autant, l'enrubannage est, sans nul doute, l'aliment qu'il convient de découvrir pour tous les éleveurs qui disposent de surfaces fourragères à récolter et qui souhaitent abaisser leurs coûts de rationnement.
* Travaux de Christian Savary Chambre d'agriculture de la Manche. 2010. Coût prenant en compte toutes les manipulations jusqu'au stockage, main d'œuvre non comprise.p Pour en savoir plus sur cette brochure de 36 pages que vient de publier le réseau équin de Normandie, vous pouvez consultez les sites :
- de l'Institut de l'élevage: www.idele.fr,
- du Conseil des chevaux : www.chevaux-normandie.com
- des Chambres d'agriculture: www.normandie.chambagri.fr